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Expo « Zombillenium, du dessin à la brique Lego » aux RV d'Amiens

Comment es-tu passé de la couverture sur un enterrement pour un Spirou spécial Halloween à une série avec un parc d’attractions qui critique le monde de l’entreprise ?

Arthur de Pins : Je le dois à Frédéric Niffle, alors rédac’chef du Journal de Spirou, qui m’a mis le pied à l’étrier. C'était un concours de circonstances : il me connaissait surtout en tant qu’illustrateur et il m’a proposé de faire cette couverture. Péchés mignons était la seule BD que j’avais faite, donc ce n’était pas du tout dans le même genre. Et Frédéric m’a proposé de reprendre les personnages de la couverture et de faire un essai sur six planches. Cela dit, faire des monstres seuls ne m’amusait pas vraiment. C'est pourquoi j’ai pensé à faire un mix avec un univers quotidien, contemporain : celui du monde du travail. C’est là que Zombillénium est né.

 Zombillénium, c’est d’abord une BD

Tu dessines sur tablette. Il n’y a donc pas de planches originales sur papier. Dans l’expo d’Amiens, que souhaites-tu partager avec le visiteur ?

A.D.P. : C’est sûr, ça me plairait de montrer quelques dessins issus de l’exposition Freak show à la galerie Barbier. Mais cela dit, je sais qu’une expo de festival, ce n’est pas une expo de galerie. Là, le plus intéressant, c’est se plonger dans l’univers. Il y a déjà eu une expo à Amiens et c’était complètement dingue : il y avait l’entrée du parc avec la tête de bouc. Et ils avaient fait sur ma suggestion des distributeurs à eau, mais avec du sang à l’intérieur, ce qui est emblématique de Zombillénium pour l’ambiance de bureau.

Zombillénium

Zombillénium © Arthur de Pins

Que veux-tu-mettre en avant dans cette exposition ?

A.D.P. : Partager les inspirations concernant les personnages, mais aussi le Nord de la France, qui est très important, avec la mine de Lewarde (NDLR : qui héberge aujourd’hui un important musée de la Mine, à côté de Douai), qui m’a inspiré pour le film. On pourrait montrer (NDLR : entretien réalisé fin mars, avant la finalisation de l'exposition d'Amiens) éventuellement des croquis : j’avais envoyé pour l’expo d’Amiens d’il y a cinq ans des dessins que je faisais ado, des démons, des petits personnages... Le balai-skate de Gretchen est actuellement à l’expo Dupuis : la fabrique de héros à Charleroi, mais je pense pouvoir le récupérer pour Amiens, cela devrait coïncider. Et voilà, c’est déjà pas mal !

Que veux-tu que le visiteur, qu’il connaisse bien ou non Zombillénium, comprenne de ton travail, au vu de cette partie « BD » de l’expo ?

A.D.P. : Montrer des croquis préparatoires et surtout qu’il comprenne ma technique ! J’ai déjà fait des démonstrations, comme lors du dernier Angoulême. Dès que l’occasion se présente, je suis toujours partant. Même 30 ans après l’apparition du dessin numérique, les gens ont encore des préjugés : « Ah, c’est fait par ordinateur, c’est plus facile. » Ça me hérisse le poil, je pense au contraire que c’est même plus dur. Dans les faits, la majorité des dessinateurs travaillent sur tablette aujourd’hui. Dans mon atelier, sur dix personnes, seulement deux dessinent au crayon ou à l’aquarelle.

Et toi, tu travailles sur quoi ?

A.D.P. : Je travaille sur un vieil Illustrator et une vieille tablette : elle est sous ma main et l’écran est en face de moi. Je préfère fonctionner ainsi, car je n’aime pas que ma main cache ce que je dessine. Quand je dessine, c’est compliqué aussi, je n’arrive pas à écouter des podcasts ou de la musique avec des paroles, car je suis trop concentré ! Mon dessin, c’est comme du papier découpé, je vais faire telle forme, puis la séparer en deux, etc. Cela demande beaucoup de ressources mentales.

C’est pour cela que j’aime bien faire une démo pour montrer comment cela se passe, faire taire les gens qui disent que le numérique, c’est fait à partir de photos ! À Angoulême, la démo a duré la journée. Les gens restaient, j’étais hypercontent. Mais je ne pouvais pas répondre aux questions, j’étais concentré. Quand j’ai levé le nez de ma tablette, j’ai vu qu’il y a avait une quarantaine de personnes assises en arc de cercle ; aussi je me suis dit « ça va, mission accomplie ».

Zombillénium T.1 : Gretchen (Grand format luxe) Zombillénium T.5 : Vendredi noir

Zombillénium, c’est ensuite un film

Dans la partie de l’expo consacrée au film, quel matériel penses-tu partager ?

A.D.P. : On a le making of : pour le DVD, on en avait même fait deux ! On a beaucoup de choses à montrer. Le studio Golem qui a fait la scénographie de l’expo a contacté directement le producteur qui leur a envoyé plus de 3 heures de making of, et évidemment il a fallu faire des choix.

On a essayé de rendre hommage à tous les studios qui ont travaillé sur le film : l’équipe de Paris avec laquelle on était, le studio de Charleroi, le studio de La Réunion et le studio d’Angoulême. L’un faisant les décors, l’autre l’animation... 200 personnes ont travaillé sur Zombillénium, je veux montrer leur travail !

En expo, on montre souvent le clip de Skip the Use, le galop d’essai du film. Cela coïncidait avec le moment où ils allaient sortir un album. On a décidé tous ensemble de faire le clip, l’occasion de tester différentes techniques. Le film a dépassé 100 millions de vues sur YouTube ! C’était le tout début, Alexis ne travaillait pas encore avec moi, à ce moment-là. Maintenant, je vois que les images du clip sont pleines d’erreurs, mais il a une valeur sentimentale et son succès est largement supérieur à celui du film ou de la BD !

Avec le recul, comment qualifies-tu aujourd’hui cette expérience, la réalisation du film Zombillénium ?

A.D.P. : C’était une première ! Même si je viens de l’animation, j’avais surtout fait des courts-métrages. Aussi, pour le film, avec le producteur, on a donc très vite décidé qu’il y aurait deux réalisateurs, Alexis Ducord, un ami, et moi. J’avais hyper peur au début. Mon expérience, c’était d’avoir 10 personnes. Mais là, avoir des storyboarders, du lay-out, des animateurs, des modeleurs... ça faisait beaucoup. Alexis m’a dit « C’est simple, il faut diriger les gens. » Il m’a expliqué que le plus important, c'est de leur donner des directions, dire « Il faut faire ça. ». Et comme je connaissais suffisamment bien Zombillénium pour pouvoir dire « j’ai besoin de ça », cela s’est très bien passé.

C’était quand même parfois un peu compliqué, car c’est de la 3D. Par exemple, on s’est un peu passé du lighting (NDLR : mise en lumière des personnages). On a décidé qu’il n’y aurait pas de lumière rasante qui donne souvent un résultat assez moche en 3D. Il a fallu vachement bosser au compositing (NDLR : fusion de différentes images en un seul plan). Il n’y a pas de contours non plus, mais il fallait faire attention à ce que les personnages se détachent. Il a fallu prendre des décisions dès le début.

Pourquoi la 3D ? La BD est en 2D donc cela aurait été logique de faire le film en 2D aussi. Mais on a fait des tests et les personnages avaient beaucoup de détails, comme Sirius le squelette, avec tous ses os ou Gretchen avec ses tatouages et sa ceinture cloutée. En 2D, il aurait fallu tout redessiner et cela aurait été un enfer, ou simplifier, ce qui pour moi n’était pas possible. Donc c’est pour ça qu’on a choisi la 3D.

 

Zombillénium

Zombillénium © Arthur de Pins

« Le monde de l’entreprise et moi »

Tu as déclaré ne pas connaître directement le monde de l’entreprise. Comment as-tu réussi à ne pas en faire une caricature de caricature, écueil habituel dans ce cas ?

A.D.P. : Quand Frédéric m’a proposé de faire la BD, l’idée de départ était de faire « The Office » avec des monstres. Presque naturellement, c’est parti vers l’aventure, avec l’arrivée de Gretchen. Elle a un balai qui vole, cela ne peut pas être quelque chose statique. Il y avait des différences d’échelle, également : Aurélien peut devenir géant, quand il est en démon. Il y a alors de la casse, des mouvements de foule. Il se passe des choses incroyables ! Après Péchés mignons, j’avais envie de faire de la BD d’aventure, des trucs absolument dingues, même s’il y a une unité de lieu. C’est de la BD, on peut faire ce qu’on veut : faire d’Aurélien un démon de 3 mètres ? Ben non, de 10 mètres !

Et faire uniquement de la caricature d’entreprise aurait donné un truc statique avec des petits gags de bureaux. Je n’avais pas vraiment envie de ça. Le gag à la machine à café (comme dans le tome 2), on peut le faire une fois, pas deux. Je trouve drôle d’utiliser un cliché, mais je ne voulais pas de resucée, que cela devienne une sorte de Gaston en moins drôle car je n’aurai évidemment jamais le talent de Franquin.

Et comment ne pas enfoncer des portes ouvertes en parlant de l’entreprise ?

A.D.P. : Je ne travaille pas en entreprise. J’essaie de capter certains mots, des expressions, des anglicismes. C’est une bonne question, je ne voulais pas faire de caricature de caricature. Je voulais surtout parler des actionnaires. Une source d’inspiration un peu inconsciente a été Largo Winch, et même plutôt Les Maîtres de l’Orge, qui ont vulgarisé le fonctionnement du monde économique, de l’entreprise. Van Hamme est un auteur qui sait de quoi il parle. Je ne suis pas forcément hyper fan de Largo Winch, mais la trame sociale raconte quelque chose. C’est intéressant à lire, donc.

Dans la première case du tome 4 de Zombillénium, personne ne l’a remarqué, mais on voit le Winch Building dans le fond ! Je l’ai raconté à Van Hamme quand je me suis retrouvé à côté de lui en dédicace et il m’a dit sur le ton de la blague qu’il fallait lui payer des droits d’auteur !

Tu es issu d’une famille plutôt orientée entreprise, école de commerce...

A.D.P. : Oui, j’ai vraiment baigné là-dedans. Tellement que quand j’étais étudiant, j’avais même le projet de monter une boîte, c’était comme une forme d’accomplissement personnel. J’ai deux frères qui ont fait des écoles de commerce. Quand j’étais étudiant, tous mes copains, mes colocs faisaient des écoles de commerce. Comme j’ai grandi là-dedans, c’était la norme, quelque chose qui faisait qu’on était respecté, parce qu’on avait du boulot, qu’on portait une cravate.

Heureusement pour moi, je suis sorti de ça, mais c’est un milieu qui m’a beaucoup fasciné. Dans Zombillénium, il y a quand même beaucoup de personnages qui ont des cravates. Je parle du milieu ouvrier mais moi, j’ai grandi parmi les vampires ! Dans Zombillénium, chaque type de monstre représente une catégorie sociale, ou plus exactement un type de comportement. Les vampires symbolisent bien les dirigeants, ils ont les dents longues. Dans le film, Steven, le méchant, est un vampire. Il est également très beau, très séduisant. J’ai réglé mes comptes, avec ça. Quand j’étais étudiant, les gens qui faisaient des écoles de commerce attiraient toutes les filles !

On ne peut pas tout connaître, mais l’univers des monstres colle complètement à la description des différents comportements sociaux.

Zombillénium

Zombillénium © Arthur de Pins

En tant que réalisateur, puisque tu diriges, es-tu un vampire, un loup-garou… ?

A.D.P. : Dans le film, je me suis représenté en zombie, en employé, donc... Dans les mails que j’envoie à tous les anciens qui ont travaillé sur le film, je les appelle les zombies ! Mon nom à particule, cela fait noblesse désargentée, qui a pu avoir de l’argent, mais si c’était le cas, c’était il y a longtemps : ma famille appartient à la classe moyenne.

Les vampires ont souvent une particule, ils ont fondé quelque chose, ils ont eu du pouvoir, mais ils ne l’ont plus. C’est une noblesse déchue… Je me considère plutôt comme un zombie ! Aujourd’hui, les démons, c’est la grande bourgeoisie, Bolloré, le CAC 40, etc. Ce sont eux qui ont le vrai pouvoir. Les loups-garous, c’est l’entre-deux, les managers, les DRH. Ils ont le cul entre deux chaises. Mais je n’ai pas eu trop le temps de développer tout ça. Il aurait fallu que je fasse un stage en entreprise pour avoir une vraie source d’inspiration à ce niveau-là !

Zombillénium, c’est enfin un parc en briques Lego

Pour le parc en Lego, tu as fourni pas mal de documentation à son concepteur Stéphane Dely, issue de tes travaux préparatoires pour la BD ou le film d’animation. T’est-il arrivé de lui suggérer de corriger tel ou tel élément du parc ?

A.D.P. : Le moins possible, car je trouve complètement incroyable ce qu’il est en train de faire ! Il pense même à des détails auxquels  je n’aurais jamaispensé, comme ce bâtiment où il a ajouté des toilettes ! Dans Zombillénium, il y a des endroits clés. Pour le film, on a modélisé l’avenue principale du parc, l’entrée, la tour, le Roller Coaster, le train fantôme, la grande roue. C’est à peu près tout. Le reste, je l’ai dessiné sur Illustrator comme s’il s’agissait de panneaux dans le fond, pour donner l’illusion. Et ça marche très bien.

Pour la BD, la plupart du temps, j’invente sur le moment de A à Z en fonction de ce dont j’ai besoin. Quand par exemple les personnages se réfugient dans une attraction. J’improvise. Il y a même très peu d’attractions récurrentes. Dans chaque album, j'en fais de nouvelles.

Mais Stéphane a le souci de donner une cohérence. J’ai envoyé le plan du parc tel que je l’avais conçu pour le film. Quelque chose de simple : un fichier A4 avec le parc en forme de pentacle. Il y a l’allée principale ; les deux anciens chevalets de la mine, un étant devenu un resto et l’autre la tour avec en haut le bureau du patron ; et en bas le hall du train fantôme dans l’ancienne mine. Si je n’avais pas fait le film, je n’aurais pas fait tout ça.

Stéphane a lui aussi une part d’improvisation. Je lui ai dit « Fais ce que tu veux, vas-y, ce ne sont pas des plans d’architecte ! ». Dans le tome 5 apparaît un nouveau bâtiment, le Vampire State Building, que je n’avais jamais représenté avant, où se déroule une scène assez longue. On en voit seulement l’extérieur. Stéphane a essayé de faire le bâtiment le plus exactement possible. Comme ceux qui font l’Étoile Noire de Star Wars, il a voulu se rapprocher le plus possible du modèle, à la brique près. Il a choisi ce bâtiment pour ça.

Il me demande souvent « Que penses-tu de la couleur de telle brique ? » Je lui réponds, mais je lui dis « Oui, oui, c’est très bien. ». Parce qu’il fait un travail tellement exceptionnel ! Je lui dis parfois de modifier tel truc, mais c’est juste pour lui montrer que je suis attentif ! Mais c’est déjà tellement extraordinaire, je suis fan de tout ce qu’il fait.

Parc Légo

Parc Légo

Ce n’est pas sa première expo du parc en Lego…

A.D.P. : C’est la 4è fois qu’il expose, après la Fnac de Strasbourg (il n’y avait pas encore tous les bâtiments, juste l’allée centrale), le parc Spirou et Angoulême. Au parc Spirou, il est venu avec femme et enfants, c’était une belle expérience. Pour Angoulême, il avait loué une camionnette.

On s’entend bien. On s’est rencontré par Instagram et au début, j’avais un peu peur, du genre « Mais qu’est-ce que c’est que cet hurluberlu ? » Mais il est très sympa, c’est un vrai passionné ! Je lui ai demandé « Tu vas t’arrêter quand ? » Il dit qu’il ne sait pas. Je suis un peu jaloux, car il pique la vedette à tout le reste de l’expo !

Le sens d'une expo

Quelle image aimerais-tu laisser de ta série aux visiteurs de l’expo Zombillénium, pour ceux qui n’ont pas encore lu les albums ni vu le film ?

A.D.P. : Les expos, comme le film, sont des incitations à découvrir l’univers. Je suis assez content de ça. Je pense qu’il n’y a pas plus de gens qui ont découvert la BD d’après le film que de gens qui ont découvert le film d’après la BD. Je trouve ça intéressant. L’expo peut aussi être visitée en tant que telle. Il y a beaucoup de BD, on ne peut pas tout acheter, tout lire. J’aime montrer le travail, faire comprendre que cela prend du temps à faire, mettre en avant certaines cases… Si ça peut faire sourire les gens, sans forcément acheter la BD après, je serai assez content.

Le parc est situé dans le Nord de la France. Amiens, c’est plutôt au Nord, ça tombe bien... Ce n’est pas la première expo qu’ils te consacrent. Et toi, que t’apporte de t’investir personnellement dans un tel projet, car cela demande du temps ?

A.D.P. : Pour l’expo, il y a la scénographie. J’avais été hyper impressionné par ce qu’ils avaient fait à la première expo à Amiens. Par exemple le crâne de bouc en plâtre ou en papier mâché, c’était énorme. Je ne sais pas comment ils avaient fait, avec une école d’art, peut-être. Et après, cela a été jeté ! Il y a eu aussi une expo très réussie à Valence. Ce qui s’est passé à Amiens et Valence, c’est de reconstituer l’univers de travail, comme si on était dans les coulisses du parc (et ça tombe bien, on est dans les coulisses de la BD).

L’intéressant est la scénographie. Mettre des casiers avec des cintres, des fontaines à eau pour le sang, un tableau en polystyrène où l’on punaise l’organigramme du parc, des post-it… Cela contribue à rendre les monstres familiers, montrer qu’ils ont le même quotidien que nous. On avait fait ça à Amiens, la première fois. Avec aussi une salle consacrée au bureau du patron, avec un siège de cuir où l’on pouvait s’asseoir. On a l’impression de déambuler dans le bureau. Parler du bureau est intéressant ! Quant à reconstituer le parc d’attraction... Si on était richissime, on pourrait faire le train fantôme, on se baladerait sur des rails. Mais ce serait compliqué !

 Et demain ?

Et si ce parc en Lego était une étape ? Te vois-tu en Walt Disney, mettant en œuvre un vrai parc Zombillénium ? Avec des vrais zombies et vampires, si possible...

A.D.P. : C’est une question qu’on me pose souvent ! Déjà, je n’ai pas tant d’albums. Mais je ne savais pas au départ qu’il y aurait plus d’un album, une attraction Zombillénium dans un parc (car il y en a une !), un film, un parc en Lego…

Je ne pense pas qu’il y aura un jour un parc. Il faudrait peut-être que je fasse d’abord autant d’albums de Zombillénium qu’il y a d’Astérix ! Mais je me demande si un tel parc pourrait exister. Un parc est censé attirer des enfants, alors un parc qui fait peur n’attirerait peut-être qu’une certaine forme de public. Avec Alexis, je voulais faire attention à ce que le film reste tout public. Je me disais : s’il faut ne pas mettre de sang, on n’en met pas. Même pour la BD : dans la scène du tome 5 où tous les journalistes se font bouffer par les vampires, j’ai retourné cela en scène humoristique avec les actionnaires blasés se prenant des jets de sang. Mais pour Spirou, on m’a demandé d’enlever le sang, et je l’ai remplacé par des cris. Puis j’ai remis le sang pour l’album, car c’est une composante importante !

Pour le film, cela m’intéressait de parler du monde du travail, de l’histoire d’un père et de sa fille. Aussi c’était de l’horreur édulcorée mais je l’assume complètement. Si un jour il y a un parc d’attraction, il faudrait que l’aspect horrifique plaise aux enfants, Même si par exemple cela fonctionne pour Kid Paddle le temps d’une attraction du parc Spirou. Il faudrait faire une étude de marché. Est-ce qu’un parc entier peut être consacré à la peur ? Je ne sais pas, je n’ai pas la réponse... »

Arthur De Pins : Expo « Zombillenium, du dessin à la brique Lego » aux RV d'Amiens
Parlons pour finir de tes projets futurs. Qu’aimerais-tu faire que tu n’as pas exploité encore dans l’univers Zombillénium ?

A.D.P. : Parmi les projets, il y a un préquel sur la création du parc, par Francis, son directeur. Il y a plein de choses à raconter. On en donne un aperçu dans le générique du film. En gros, c’est Francis dans les années 70-80 : forain, mais déjà un vampire. Il dirige une sorte de cirque ambulant avec un spectacle de monstres. Un jour où il est de passage dans le Nord, a lieu un coup de grisou dans une mine. En menant son enquête, il apprend que les mineurs ont creusé si profond qu’ils sont tombés sur le Diable qui a pris possession de leur âme et ils sont devenus zombies. Les zombies sont alors chassés par les habitants du village.

Aussi Francis décide de créer un parc, là, pour que les Zombies aient un travail, une vie sociale et que les gens n’aient ainsi plus envie de les chasser. Francis fait un deal avec le Diable : les âmes appartiennent toujours au Diable, mais en échange les zombies peuvent vivre à l’extérieur, avoir un but dans la vie, un travail. Par la suite, tous les monstres qui sont embauchés pour travailler à Zombillénium sont soumis aux mêmes conditions. C’est intéressant à raconter, car Francis doit négocier avec les villageois, les zombies, le Diable, d’autres forains qui veulent s’implanter... C’est vraiment sur la création du parc et tout le travail en amont. Avec Gretchen, Francis est mon personnage préféré.

Quelle technique de dessin pour ce projet ? À la palette graphique ou au papier-crayon comme au bon vieux temps ?

A.D.P. : Ce pourrait être intéressant de le faire au crayon, pour montrer que c’est à part. Mais il y a une inconnue : serais-je capable de tenir tout un album ? Je ne sais pas. L’expo Barbier montre plus des personnages que des décors. Serais-je capable de faire des décors un peu fouillés, de tracer à la règle, de les dessiner au crayon, à l’aquarelle, sur tout un album ? Pour les personnages, par contre, pas de problème ! Ce pourrait être une bonne idée. Mais là, pour l’instant, je n’ai pas encore décidé.

Cela pourrait être un mix entre dessin numérique et papier…

Plein de dessinateurs utilisent je ne sais plus quel programme, c’est presque de la 3D. Puis ils reprennent par transparence les décors. Mais pour moi, ce n’est pas intéressant. D’ailleurs, Illustrator n’est pas un logiciel 3D, donc je fais les perspectives à l’œil comme si je les faisais au dessin. J’essaie de ne pas faire de droite pour la perspective (car Illustrator fait des lignes droites) aussi je la trace souvent au crayon, pour cela ne fasse pas trop mécanique. Illustrator n’a dans ce cas aucun avantage.

Faire une BD au crayon serait un bon challenge ! Au moins, j’essaierai de faire ça…

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