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Clarke laisse le choix entre peste et choléra

Clarke signe avec Dilemma une thèse argumentée selon laquelle rien n'aurait été laissé au hasard dans l'évolution du monde. Un groupe de philosophes grecs, et non des moindres, aurait programmé les événements d'un futur sous tutelle. Ce thriller nerveux se passe en 1938. Un jeune archéologue allemand, Michael Dorfmann, fait une découverte dont l’enjeu est le sort de l'humanité. Il y a deux fins alternatives dans Dilemma : le choix entre la peste et le choléra. Clarke revient sur son album.

Comment vous est venue cette idée de scénario ?

Clarke : Les idées sont venues une à une au départ. Des briques qui ont fait un mur avec philosophie et nazisme en toile de fond. Pourquoi le futur n’aurait pas été préparé depuis l’Antiquité, inventé par des philosophes, des grands noms de la Grèce antique ? J’ai juste sortis ces personnages antiques de leur moule connu.

Dilemma Philosophe

Philosophes certes, mais il y aussi un général très pragmatique…

Oui, c’est Xénophon. Les autres le méprisent un peu dans leur jeu intellectuel, au point que Xénophon fait un complexe d’infériorité. C’est le loup dans la bergerie ! Les penseurs ont un avis sur le monde qui les entoure et Xénophon croit à leur théorie. Il va la mettre en pratique et la protéger avec des homme qui, au fil des siècles, éliminent les obstacles.

Ce qui se dessine, c’est la course au pouvoir absolu ?

Les enjeux économiques vont peser sur le pouvoir futur sans aucune idéologie religieuse : ce sera le nazisme et ses rouages, avec un homme au pouvoir absolu et perverti.

Vous opposez, au final, dans la chasse aux parchemins qui prédisent l’avenir et comment y arriver, deux des plus redoutables dignitaires nazis, Himmler et Goebbels ?

Himmler est un mystique sanguinaire et Goebbels le roi de la propagande tout autant cruel. Ils vont se battre pour être le plus influent auprès d’Hitler avec tout ce qui en découlera. Je voulais rester aussi dans le réel, l’horreur du nazisme, ne pas faire un récit mythologique. Tout devait être tangible et sordide. Il ne fallait pas non plus prendre le risque de rendre Goebbels sympathique car il est allé au bout de sa monstruosité.

Himmler et Goebbels en pleine altercation
Votre héros, chercheur avant tout, est ambigu. Il finit par accepter de se mettre au service du nazisme ?

Il est pris entre plusieurs feux. Ce jeune archéologue est amoureux d’une jeune fille juive et y tient par-dessus tout, ce sera son tendon d’Achille. Dès le début des années 30, la Grande Allemagne va être commandée légalement par des psychopathes. Donc il sera pris au piège comme beaucoup d’Allemands.

Son double négatif, dans votre histoire, est un tueur qui efface toute trace de témoins gênants. Il est le bras armé des gardiens du temple et de la doctrine, mis en place par Xénophon ?

Ce tueur évolue tout au long de l’album. Il est chargé de protéger le secret des parchemins et de la théorie de Xénophon. Michael, lui, doit les traduire et comprendre le mécanisme mis au point par les philosophes. Le gardien du secret tue mais transcende les personnages qui, eux, se découvrent peu à peu. Balafré, le tueur retrouve une sorte d’humanité et se révolte de façon passive : il décide de laisser le choix à Michael.

Gardien du temple Dilemma
Vous vouliez rester sur un seul album ?

Au début, je partais sur 150 pages donc trois albums en moyenne, un par an. Ce synopsis de base m’aurait permis de travailler sur autre chose en même temps. Faire un seul album était en fait plus dense, plus abouti. J’ai mis trois ans pour le faire… et le temps est un allié.

Vous proposez deux fins dans Dilemma. Pourquoi ?

J’ai écrit seize fois la fin de cet album. Denis Lapière les a relues et m’a aidé à trancher pour cette solution. Je voulais montrer que Michael est confronté à une situation qui le dépasse. Sorte de geek naïf pour l’époque, il balance entre son coeur et ses principes. Il peut donc faire deux choix. Mais un homme seul peut-il changer la face du monde ?

Dilemma couple

Trouvera-t-il le bonheur avec une décision selon son coeur ? Ou raisonnée ? Il est en permanence en opposition, entre idéalisme et matérialisme. Donc les deux fins se justifient. Mais pour quel résultat ?

Et après Dilemma ?

En juin sortira le nouveau Mélusine. Ensuite j’ai un autre projet historique contemporain sur un postulat de départ assez farfelu. Mais rien à voir avec Dilemma !

Dilemma
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